HYPERTENSION ARTERIELLE : LE TUEUR DES VIES A PROBLEMES ? (03/03/2016)


Owona à son collègue :

-          Towa, tu fais quoi ce week-end ?

-          Mon frère, laisse-moi ! Est-ce que la route du village finit ?

-          Ne me dis pas que tu pars encore aux funérailles !?

-      Pour le moment la tension est en train de finir les vieilles mamans là, une à une.

-       Eéééékié ! Tu dis même quoi ? N’est-ce pas c’est ça qui nous attend tous au tournant ?

-        Laisse seulement, mon frère ! Quand tu passes ta vie à souffrir, comment tu ne vas pas avoir l’hypertension à la fin ?

-        Chez nous, même le chien développe l’hypertension, tellement il a des problèmes ; dès qu’il naît, il doit déjà se débrouiller pour trouver sa bouffe, fuir les mangeurs de chiens, éviter les voitures en traversant la route, et c’est comme ça toute la vie !

 

Owona avait raison, au moins en partie, quand il parlait de « tournant », car les malades de l’hypertension artérielle (HTA) s’ignorent pendant longtemps. Ce n’est qu’au « tournant » (10 à 20 ans plus tard) que l’HTA reconnaît les siens. Entre-temps, elle aura évolué comme une bombe à retardement, un « tueur silencieux ». L’HTA est presque partout un véritable problème de santé publique. Contrairement à ce que croiraient Owona et Towa, sa fréquence est plus élevée dans les pays développés dits nantis. Vous comprendrez pourquoi par la suite.


La pression artérielle est la pression exercée par le flux sanguin sur la paroi de l’artère. Elle exprime également la résistance de la paroi vasculaire. Ces deux paramètres, la pression luminale du sang et la résistance vasculaire, peuvent être séparément ou conjointement à l’origine de l’hypertension. Il faut savoir qu’ils varient physiologiquement avec l’âge (rigidité progressive des parois vasculaires) et les circonstances (émotion forte, activité physique, etc). L’HTA est définie comme une élévation permanente de la pression sanguine artérielle, par rapport aux valeurs normales établies par l’OMS : 14 pour la TA systolique ou maximale et 9 pour la TA diastolique ou minimale. Ces valeurs permettent également de définir le degré d’HTA. Le plus souvent, la tension artérielle est mesurée chez le médecin, à l’aide d’un brassard gonflable raccordé à un manomètre à mercure et d’un stéthoscope.


Dans la grande majorité des cas (95%), la cause de l’hypertension n’est pas identifiée ; on parle alors d’hypertension essentielle. Outre le fait que la TA augmente avec l’âge, de nombreux facteurs de risque liés au mode de vie sont connus. Une alimentation riche en sel et en graisses, une consommation excessive et régulière d’alcool (4 verres de vin par jour par ex.), la sédentarité et l’obésité, contribuent au développement rapide de l’HTA. La consommation habituelle de réglisse et certains contraceptifs oraux à base d’oestrogènes de synthèse peuvent aussi induire l’HTA. Le tabac, le taux de cholestérol et le diabète sucré, pris séparément n’ont pas d’effet direct sur la TA cependant, s’ils coexistent chez le même individu, ce dernier est à haut risque, non seulement d’HTA, mais aussi d’accident cardiovasculaire et cérébral. Comme vous le constatez, ces facteurs prédisposants ne sont pas le fait de conditions socio-économiques difficiles et paraissent même plus fréquents dans les pays riches.

Il existe des prédispositions génétiques au développement de l’HTA. Toutefois, le rein est un organe central dans le contrôle de la TA. Son action cible à la fois le contenu, par son rôle de filtre du sang et, le contenant, en secrétant une hormone, l’angiotensine, qui régule la pression des parois artérielles. Vous comprenez dès lors que les maladies portant atteinte aux reins s’accompagneront volontiers d’HTA.


Une HTA mal contrôlée ou non soignée entraîne à la longue un épaississement des parois artérielles, formant par endroits des plaques d’athérome. La résistance artérielle augmente et le risque de formation d’un thrombus également. Le thrombus est un matériel qui peut se détacher de la paroi artérielle et être emporté par le flux sanguin. Il va alors occlure un petit vaisseau sanguin du cerveau par exemple, causant un accident vasculaire cérébral (AVC) ou du cœur, causant un infarctus qui peut être fatal. Cependant, l’accident cérébral hémorragique est le plus à craindre en cas de poussée brutale de la TA. Le sujet peut présenter des maux de tête violents, des convulsions, des vomissements, une perte de connaissance voire tomber dans le coma. Un transfert immédiat vers le service des urgences de l’hôpital le plus proche est requis.

 

Pour traiter l’HTA, il existe plusieurs classes de médicaments qui diffèrent selon leur mode d’action, leur cible et la tolérance du sujet. Chaque médicament n’a donc pas le même effet quel que soit le malade. Tous visent à faire chuter la tension et à la maintenir à un niveau raisonnable. Pour les jeunes adultes et ceux qui ne sont pas arrivés au « tournant », il vaut mieux prévenir. La prévention est basée sur trois principes : le contrôle du poids, l’exercice physique régulier et une alimentation équilibrée. Le surpoids peut être réduit en mangeant moins d’aliments caloriques et en se dépensant plus dans une activité physique (30 minutes, 3 jours par semaine suffisent). Il faut limiter la consommation de sel (Chips, cacahuètes, pain et biscuits salés), des graisses (sauces et charcuteries) et d’alcool (à moins de l’équivalent de 3 verres de vin par jour). Il n’est pas non plus nécessaire d’être riche pour pouvoir prévenir l’HTA. C’est l’affaire de tous.


Dr Patrice JISSENDI                 Résultat de recherche d'images pour




Chroniqueur : Patrice Jissendi