Vers le cimetière des éléphants (29/07/2016)

Je m’enfuis encore de ceux qui ont voulu me commander ; le temple où il fait toujours soleil s’écroule d’ères en ères et les marches descendent en terrasses de plus en plus larges. Je tombe encore de cette nuit où je n’ai pas eu mon mot à dire. Où ce fut soudain un concert intolérable de machines à sous. Le filet d’eau telle une Ophélie pas tout à fait morte m’emporta dans sa cascade. Il me plaisait d’être l’enfant aux jambes cassées. Il me plaisait de n’avoir pas l’or que l’on attendait de moi. Pendant six nuits, j’ai tenté avec du charbon d’écrire une chanson sur ma manière excellente de rater les croches, les cloches, les coches.

 

Et puis, et puis... Là où j’arrive, je n’ai plus besoin de ce dictionnaire. Je n’ai plus besoin de l’air que vous donnez à un prix irrespirable. Je n’ai qu’à tendre cent mains. Ce n’est pas tant qu’il y ait des pommes, des prunes ou des croque-poux. Là où j’arrive, sur les pelouses d’une Family Funfair, les oiseaux en habits du dimanche font plus les hommes que les hommes eux-mêmes. Il faut faire attention à ne pas rire trop bruyamment. Alors je marche, je marche jusqu’où les hommes ont des têtes de béliers. Et là, je retrouve mon pendentif en forme de cœur sur une affiche publicitaire. Qu’est-ce que vous croyez que cela me fait ? D’être comme ces femmes qui attendent au bord des routes qu’un train d’obscurité les ramasse et qu’on ne retrouve jamais. Cet hermaphrodisme dont on cache toujours en amont la part inavouable.

 

Ce que je ne sais pas, toute sorte d’herbe le véhicule par-delà des palissades qui en d’autres temps, auraient pu faire penser à une immense rangée de dents pendant un éclat de rire. Je m’invente une destination rien que pour demander à cette fille la direction. (Rien que pour voir son sourire éventrer ma vie). N’est-ce pas drôle enfin comment je joue à l’être humain ? Cette façon de toujours trouver une porte-arrière à cet univers de moustaches ou de chuchotements. Cette façon de toujours trouver un ciel à rebours. Tout est en parfait désordre dans la capitale de ma tête. Rappelez-vous, je noyais mon cigare dans la nuit d’un cendrier. Rappelez-vous, le diamant était l’œil du sanglier que vous aveugliez. Il faut voir comment ces camelots de troisième ordre se volent les uns aux autres des morceaux de quartz dans de mesquins jeux de miroirs. « Quelqu’un peut-il me donner le s’il vous plaît ? » Non pas l’ici ou l’ailleurs. Le . Je lis la saleté des trottoirs. J’essaie de saisir une moindre explication. Je ramasse une hallebarde. Je ramasse même les flèches qui ne m’étaient pas destinées. Je m’étonne d’ailleurs que dans les miroirs je n’ai pas ...

 

Je suis de la même couleur que les charniers et les déchêts compactés des jours, mes vêtements sont des assemblages de papier mâché et de papier cadeau. Je suis de la même espèce que ceux ..., un animal lent dont les mouvements se mêlent à l’image. Si je dis que les lumières saignent, ce n’est pas parce qu’elles sont rouges. Si je dis que ..., comment est-ce que je sors de cette forêt ? Je ne peux certes pas couper des arbres dont je ne connais pas les noms. Je ne peux certes pas me servir d’un sabre Et tout est feu pour celui qui a les yeux ouverts. Tout est à tort et à travers le rêve à refaire. Là où j’arrive, ... Je marche encore dans les ronds de l’eau où j’ai été jeté à bas.

 

@ Julien FERDINANDE.

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Ce texte fut publié pour la première fois par la Revue Ozila.




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